SIXEME REMEDE:
O malade qui te plains de la souffrance! Je t'interpelle: pense à ta vie passée et rappelle-toi les jours heureux de plai¬sir et les moments malheureux et douloureux
passés de cette vie-là. En tout cas, tu diras soit "Oh!" soit "Ah!"; c'est-à-dire ton cœur ou ta langue dira soit: "Dieu soit loué, merci", soit "Quel malheur! Quel ennui!" Fais attention que ce qui creuse un plaisir spirituel qui rend ton cœur reconnaissant et qui te fait dire: "Dieu soit loué, merci." est le fait de penser aux souf frances et aux malheurs. En effet, la fin de la souffrance, c'est le plaisir. Ces soucis-là, ces malheurs-là avaient laissé, dans l'esprit, un plaisir durable, si on les creuse en y pensant, un plaisir coule dans l'esprit, les remerciements y sont distillés. Ce qui te fait dire: "Quel regret! Quel chagrin!", ce sont les états de plaisir et de joie que tu as passés; en disparaissant ils font hériter à ton âme une souffrance perpétuelle quel que soit le moment où tu y penses, cette souffrance est déchirée, regret et chagrin y coulent. Puisque le plaisir illicite d'un jour fait souffrir parfois moralement un an, dans la souf¬france éphémère d'un jour de maladie, il y a le plaisir spirituel du fait de sa fin, de son état passager et du fait d'en être délivré, mais aussi la bénédiction de plusieurs jours. Pense donc au résultat et à la récompense spirituelle qui est contenue dans cette maladie qui t'est arrivée momentanément, dis "Eh! Cela passera aussi." Remercie au lieu de te plaindre.
SIXIEME REMEDE (note): 0 mon frère qui, en pensant aux plaisirs du monde, souffres de la maladie! Si ce monde était éternel, si la mort n'existait pas sur notre chemin, si les vents de séparation et d'extinction ne soufflaient pas et s'il n'y avait pas d'hivers moraux dans l'avenir malheureux et orageux; moi aussi, avec toi, j'aurais pitié de ton état. Mais, puisque le monde nous dira un jour: "Allons dehors!" il se bouchera l'oreille de notre cri; avant qu'il ne nous chasse dehors avec les avertissements de ces maladies, nous devons dès maintenant renoncer à son amour; avant qu'il ne nous quitte, nous devons tenter de le quitter du cœur. Oui, en nous avertissant dans ce sens, la maladie affirme: "Ton corps n'est ni de pierre, ni de fer. Sûrement, il est composé de dif¬férentes matières qui sont à tout moment
susceptibles de se décomposer. Laisse l'arrogance, comprends ton incapacité, connais Dieu, ton Seigneur, sache ton devoir, apprends pourquoi tu es venu au monde." avertit-elle discrètement à l'oreille du cœur. Aussi, puisque le plaisir et le goût du monde ne durent pas, particulièrement s'ils ne sont pas licites, ils sont aussi non per¬manents, aussi douloureux, porteurs de péché. Sous le prétexte de ta maladie, comme tu as perdu ce plaisir-là, ne pleure pas; au contraire pense au sens de l'adoration spirituelle et à la récompense de l'au-delà qui se trouvent dans la maladie, essaie de t'en réjouir.